Chercher une chose
c’est toujours en trouver une autre.
Ainsi, pour trouver certaine chose,
il faut chercher ce qu’elle n’est pas.
Chercher l’oiseau pour trouver la rose,
chercher l’amour pour trouver l’exil,
chercher le rien pour découvrir un homme,
aller vers l’arrière pour aller vers l’avant.
Roberto Juarroz
Douzième poésie verticale, La Différence, 1993, traduction de Fernand Verhesen
On pourrait découvrir Regarde-moi dans une cave, dans les tréfonds d’une forêt ou dans une arrière-cuisine plongée dans la pénombre. Imaginée par Jeanne Roualet, en collaboration avec Fabrice Melquiot, Martin Dutasta et Camille Dubois, et en dialogue avec sept manceaux associés au projet, Regarde-moi est une hybridation : exposition, installation, performance ; par goût de l’esthétique relationnelle, le geste est à la lisière des arts visuels et des arts vivants, en croisant l’image, la parole et la création sonore.
Sept images constituent l’œuvre exposée, conçue comme un drame à stations nocturne, une narration en sept tableaux. Les images appartiennent à la famille des Cosmoramas, des compositions photographiques et picturales en grand format que Jeanne Roualet réalise.
Pour Regarde-moi, les œuvres créées, fictionnelles, sont des échos à la rencontre entre l’équipe artistique et les sept citoyens-partenaires : des femmes et des hommes de tout âge, travailleuses et travailleurs de l’ombre, habitantes et habitants du XXIe siècle. À l’écart des grandes plateformes de la reconnaissance sociale, ces femmes et ces hommes de tout âge existent coûte que coûte, à l’arrache, dans les interstices. Au cœur du système, autant qu’en dehors. Terrestres, extra-terrestres. Aliens familiers. Étrangers de/à nos cœurs/chœurs.
Regarde-moi pose comme principe que les choses, dans l’observation des sociétés et des cultures, ne sont presque jamais ce qu’elles ont l’air d’être : elle essaie d’éclairer la réalité sociale sans l’opposer au mystère ; elle fait le noir pour voir, regarder, dire et raconter autrement ces passants, ces amis, ces voisins, ces semblables ignorés, abandonnés. Ici, leur présence, diffractée, pudique, devient source de lumière.
Distribution
Art visuel : Jeanne Roualet
Texte : Fabrice Melquiot
Univers sonore : Martin Dutasta
Collaboration artistique : Camille Dubois
Avec la participation de 7 citoyens du Mans
Production : Les Quinconces – L’espal, Scène nationale du Mans
Vernissage le 14 avril à 18h30 à l’Espal
Entrée libre et gratuite aux horaires d’ouverture